Nous ne sommes qu'au début de l'écriture et image et le style, le contenu, dépendront
Le web impose-t-il une nouvelle forme d'écriture qui peut changer selon les cibles (actionnaires, consommateurs, journalistes, pouvoirs publics...) ?
J .B. : Nous ne sommes qu'au début de l'écriture du web. Nous aurons demain texte, son et image et le style, le contenu, dépendront des attentes des différents publics. Il faudra toujours associer argumentation et clarté et tourner le dos au style déclaratif. Cela va enrichir le champ de la langue et il y aura demain des directions des messages au sein des entreprises avec des nouveaux métiers autour de l'écrit, linguistes, rédacteurs, au sein des entreprises.
La création et la diffusion des messages, confiées, jadis aux agences, peuvent-elles en partie revenir au sein des entreprises ?
J .B. : Oui, une partie de la rédaction des messages va revenir à des rédacteurs en interne. Jadis les secrétaires des PDG connaissaient la culture de l'entreprise au travers des mots du président. Demain, l'entreprise ouvrira ses portes aux philosophes dotés d'une culture économique, nouveaux directeurs des messages.
Qu'est-ce que le planning stratégique en langage ?
J .B. : Le planning stratégique s'interroge sur la manière d'appliquer les règles de la charte sémantique et sa mise en œuvre en fonction des émetteurs et des récepteurs.
Le consommateur peut-il être co-producteur du discours de marque ?
J .B. : Oui, car nous entrons dans l'ère de la marque conversationnelle qui ne doit plus négliger le sensible, l'émotionnel. Le consommateur s'exprime plus librement dans les réseaux sociaux, il est davantage impliqué dans le storytelling, il répond et il "co-écrit".
Les réseaux sociaux imposent-ils aux dirigeants et aux collaborateurs un langage spécifique ?
J .B. : Oui, bien sûr, et cela va monter en puissance. On est à l'aube d'une révolution car la parole explose et déferle ...
La multiplicité des canaux engendre la multiplication des messages de la marque. Comment conjurer le risque de cacophonie, ou de dissonance ?
J .B. : La charte sémantique évite l'accident. De la même manière que la charte graphique définit une certaine posture de la marque, la distingue, la singularise, de même la charte sémantique fait émerger le particulier.
Quels sont les défis de demain pour la marque sur le web ?
J .B. : Une marque trop bavarde perdra en crédibilité. Il faut impérativement mettre de la qualité, de la créativité et de la cohérence dans le web. Le danger réside dans le mélange des genres, infotainment, advertainment, webseries, storytelling, brand content... Les nouvelles frontières de la communication sont ouvertes et le langage est déstabilisé. On est passé de 500 000 à 800 000 mots dans le vocabulaire professionnel. Néanmoins, les mots ont-ils pour autant un sens commun et partagé par chaque communauté ? Et bien non ! De nouveaux codes sont à refonder.