La vie, de plus belle...

Comment rendre aux femmes atteintes d'un cancer, une vision positive de leur image ? Quinze grandes marques de l'industrie cosmétique tentent de leur rendre "La Vie, de plus belle".

Par Delphine SEVELINGE*

En 1987, aux Etats-Unis, un médecin fut touché par la détresse d'une de ses patientes. Elle était tellement affectée par les dommages physiques, provoqués par son cancer qu'elle ne voulait même plus quitter sa chambre d'hôpital. Il s'adressa à Ed Kavanaugh, président de l'association américaine de l'industrie cosmétique, CTFA (Cosmetic, Toiletry and Fragrance Association). Celui-ci rassembla des produits bien spécifiques et fit appel à un maquilleur professionnel. La transformation fut spectaculaire car, bien au-delà de la simple apparence, la patiente se sentit soudain beaucoup mieux et, pour la première fois depuis des semaines, retrouva le sourire... Cette première étape vers la sérénité méritait qu'on applique plus systématiquement cette "ordonnance de beauté" qui rendait confiance en soi. Poursuivie depuis quinze ans aux Etats-Unis, l'expérience est aujourd'hui déclinée dans quinze autres pays parmi lesquels : l'Allemagne, l'Australie, le Canada, le Royaume-Uni, la Suède. Le programme s'appelle "Look Good... Feel Better" aux États-Unis, "Belle et Bien dans sa peau" au Canada, "La Vie, de plus belle..." en France ; c'est partout la même envie de rendre aux femmes atteintes d'un cancer, une vision positive de leur image.

La Vie, de plus belle..., Association (loi 1901) créée en 2001 réunit une quinzaine de grandes marques de l'industrie cosmétique (voir encadré). La Vie, de plus belle... travaille avec les hôpitaux, avec lesquels un partenariat a été conclu (Hôpital Saint Louis, Hôpital Cochin, Clinique des Peupliers, Centre Huguenin à Paris, Polyclinique du Bois à Lille). Autour d'une vingtaine d'esthéticiennes et d'assistantes bénévoles, elle met en place des ateliers de deux heures, qui réunissent une douzaine de patientes ; elle fournit en outre les trousses de produits de soins et de maquillage offertes à chaque participante. Elle veille au maintien des exigences fondamentales du programme : - aucune appropriation commerciale d'une marque ; - aucun coût pour les bénéficiaires ; - aucune reven- dication médicale qui pourrait se prévaloir de facteurs de guérison. Elle rédige les différents supports d'information : guide-conseils remis aux participants à l'issue de l'atelier, dépliants à disposition des patientes dans les salles d'attente, adresse e-mail, site internet (www.laviedeplusbelle.org).

Le Professeur Henri Pujol, président de la Ligue contre le cancer témoigne : "Nous approuvons complètement le principe de La Vie, de plus belle... qui pourrait étendre et multiplier ses ateliers en complémentarité avec d'autres activités qui existent déjà, telles salons de coiffure, séances de gym, ergothérapie... autant de jalons pour une longue marche, car, bien au-delà des techniques, des astuces ou même des produits que l'association dispense ; il y a d'abord le fait de considérer le malade comme une personne, de l'écouter, de lui parler, de lui permettre de rencontrer celles qui parcourent le même chemin..."