Vacances Propres est née en 1971 d'une intuition d'Antoine Riboud, le patron de BSN. Bien qu'en ces temps, son groupe opérait encore essentiellement dans l'emballage en verre, l'emblématique patron cultivait déjà de grandes ambitions de développement dans l'alimentaire. Or il avait remarqué qu'entre l'essor des produits de grande consommation et l'explosion des départs en vacances, les communes des littoraux, à la faveur de l'augmentation fulgurante de leur population durant l'été, allaient bientôt être submergées de déchets d'emballages. Ce qui ne manquerait pas de constituer une bien mauvaise publicité pour les marques et comporterait sans doute, à terme, un risque d'intervention publique contraignante, probablement assortie d'une taxe.
Découvrant qu'ils ne pouvaient pas négliger ce que devenaient leurs produits une fois consommés - près de trente ans avant la mode du développement durable et même avant que la première crise pétrolière ne donne une première alerte sur ces questions -, Antoine Riboud convia nombre de fabricants d'emballage et d'industriels de produits de grande consommation pour en débattre à Evian. De ce colloque naquit l'association Progrès et Environnement et son opération phare : Vacances Propres.
Depuis, “nous avons toujours conservé le concept d'origine, ciblé sur les déchets dits sauvages laissés dans les zones de loisirs et de tourisme” explique Jacques de Pastors, délégué général de l'association. Le sac poubelle rayé est devenu le symbole bien connu de l'opération : “notre matériel unique et cohérent favorise la reconnaissance du public” explique-t-il. Nul doute en effet que ces fameux sacs contribuent à la notoriété de Vacances Propres tandis que plus de huit Français sur dix jugent que l'opération constitue “une incitation à être propres” (selon un sondage réalisé il y a dix ans déjà par l'Ifop, mais qui n'a sans doute pas diminué depuis).
“Si l'image de l'opération est très positive et suscite la sympathie, sa paternité reste souvent faussement attribuée aux seuls pouvoirs publics”, note Jacques de Pastors, “mais, pour nos membres, l'enjeu ne se situe pas d'abord en termes de retombées ; il s'agit avant tout d'anticiper des problèmes environnementaux qui ne manqueront pas un jour de leur être imputés”. De fait, même s'ils ne sont pas directement responsables des déchets qui souillent les plages ou les alpages, les industriels, et surtout leurs marques, seront toujours les premiers montrés du doigt dès qu'on cherchera des coupables.
Concrètement, jouant, de façon totalement désintéressée, un rôle de centrale d'achats, l'association se charge, via un appel d'offres, de proposer aux communes les matériels - collecteurs simples ou doubles suivant de nombreuses versions - ainsi que les sacs poubelles au meilleur prix. En outre, les sacs sont testés, et, depuis la recrudescence du risque terroriste, peuvent être proposés en version transparente. Certains départements aident les communes, notamment les plus petites, à acquérir les matériels : d'ailleurs, la Savoie et la Vendée, dont les départements furent pionniers en ce domaine, se trouvent être également parmi les départements les plus équipés. Autre action, deux fois par an, une lettre est diffusée à 15 000 exemplaires auprès de élus locaux et des leaders d'opinion. De nombreuses informations sont également relayées par la presse quotidienne régionale. Enfin, une communication nationale est menée chaque année grâce à un partenariat noué avec l'Union de la publicité extérieure qui offre, chaque année, plusieurs milliers de “4 x 3” ainsi que de “60 x 80” (format SNCF) pour afficher le message durant une quinzaine de jours durant l'été. Un accord de ce type a également été passé avec JC Decaux.
Résultat : 3,5 millions de sacs poubelles étant collectés chaque année, on peut estimer à 70 000 tonnes les déchets ainsi récupérés : une goutte d'eau dans l'océan des ordures ménagères, mais visant là où l'impact des détritus est le plus considérable en terme d'image. “Vacances Propres a contribué à ce que les communes touristiques s'équipent, même sans recourir à l'opération et donc sans bénéficier de nos efforts de communication” remarque d'ailleurs Jacques de Pastors. Désormais, l'objectif est de passer au niveau supérieur : le tri.
Déjà, le slogan, durant longtemps “Vacances Propres, geste propre” est devenu : “En vacances comme à la maison, triez vos déchets”. Actuellement, seulement un quart des communes équipées recourent à la double poubelle… L'objectif est de les y convertir progressivement. “Ayant installé le tri pour leurs ordures ménagères, les communes ont tout intérêt à l'appliquer également à leurs zones de loisir, d'autant que les touristes étrangers, scandinaves par exemple, y sont particulièrement sensibles” explique Jacques de Pastors. Et de préciser : “d'ailleurs, le fait qu'une commune utilise l'opération est considéré comme un plus pour l'obtention du pavillon bleu”.
Pour apporter la bonne parole en ce domaine, Vacances Propres organise aussi des “Grandes Parades du tri”. En partenariat avec Eco-Emballages, des kermesses sont organisées sur les plages, proposant des multiples animations et jeux aux enfants. Le clou de la journée : une course en sacs… Vacances Propres bien sûr.
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