Le contexte économique (poids grandissant des dépenses contraintes comme le logement, augmentation du désir de consommation de produits de nouvelles technologies, perception d'une baisse du pouvoir d'achat) conduit les Français à arbitrer leurs budgets en défaveur de l'alimentation. Le poids des dépenses alimentaires, à domicile et hors du domicile, dans la consommation totale s'était stabilisé autour de 19,7 % entre 1994 et 2003 ; depuis cette date, il a fortement décliné, jusqu'à 18,2 % en 2007. Cette baisse est due en partie à celle des dépenses en restauration (- 0,1 % en 2004, - 1,2 % en 2005, + 0,4 % en 2006 et - 1,4 % en 2007 en euros constants). Elle s'explique par de fortes augmentations de prix dans le secteur de la restauration commerciale et par une baisse de la fréquentation de la restauration collective : la mise en place de la RTT a conduit à une diminution du nombre de jours travaillés, mais aussi à la réduction des pauses déjeuners, qui a limité la fréquentation des restaurants d'entreprise, plus coûteux que le snacking ou que les déjeuners apportés de chez soi. Si le poids des dépenses de consommation alimentaire a baissé de 1,6 point entre 2003 et 2007, celui des dépenses de loisirs a augmenté d'un point. Le facteur déterminant dans les choix de consommation est le désir du consommateur, plus que son besoin réel. Pour les consommateurs, l'alimentation est cependant vécue avant tout comme un besoin réel : interrogés dans le Baromètre des perceptions alimentaires, 40%des Français mentionnent en premier choix la réponse "L'alimentation est avant tout une nécessité" à la question "De laquelle des trois affirmations suivantes, vous sentez vous le plus proche ?"Manger pour vivre, c'est bien l'évidence qui frappe deux Français sur cinq. En termes de survie, l'acte alimentaire est la nécessité la plus impérative pour la plupart des espèces animales.
Cette notion de besoin physiologique prend d'autant plus d'importance que les Français souhaitent en premier lieu (27%) que les pouvoirs publics "encadrent les prix de première nécessité pour permettre à tous de se nourrir". L'alimentation pour la survie est davantage citée au premier rang par les plus âgés (51%des 65 ans et plus), donc par les moins diplômés, mais aussi par les plus jeunes (47 % des 18-24 ans). Les catégories très aisées mettent aussi très en avant ce critère (47 %), ainsi que les individus les plus minces (50 %). L'INPES** a mis en évidence qu'entre 1996 et 2002 ce critère avait augmenté de 10 points chez les 30-39 ans. La notion de nécessité est présente chez ceux qui s'impliquent peu dans leur alimentation et n'y accordent que très peu de valeur symbolique. On peut y voir aussi un effet de la sensibilisation de la population aux problèmes des catégories les plus démunies ; elle se traduit par l'importance des dons à des associations comme les Restos du cour.
"De laquelle des trois affirmations suivantes vous sentez-vous le plus proche ?"En premier, en second et en troisième rang, il s'agissait d'ordonner les réponses suivantes : "L'alimentation doit avant tout être un moyen de prévenir les problèmes de santé" ; "L'alimentation doit avant tout être un plaisir" ; "L'alimentation est avant tout une nécessité". Vingt pour cent des personnes interrogées ont placé la notion de nécessité en tête.
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