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Revue des Marques - numéro 61 - janvier 2008
 

S'engager sur le bon chemin...

Lorsque sont évoqués l'emballage et l'environnement inévitablement surgit le problème des déchets.Le recyclage et la lutte contre le suremballage sont indispensables mais loin d'être suffisants. L'écobilan de l'emballage doit aussi prendre en compte son transport.

Par Fabrice Peltier*


Fabrice Peltier
Fabrice Peltier
Apparus avec la société de consommation et tous ses débordements, les emballages se sont inscrits dans une économie d'abondance peu soucieuse de l'environnement. Au fur et à mesure de l'émergence et de l'évolution de la conscience environnementale des pouvoirs publics et de celle des citoyens,les emballages et les déchets qu'ils génèrent ont été systématiquement dénoncés. Ils sont ainsi régulièrement montrés du doigt, comme représentant le symbole du gaspillage de notre société de consommation et accusés d'être beaucoup trop encombrants,voire néfastes.Les déchets d'emballages semblent faire encore plus réagir le grand public que les déchets radioactifs de nos centrales nucléaires... Il faut dire que la mise en place des collectes sélectives à partir de 1993 en France aura largement contribué, et contribue encore,à mettre les emballages sur le devant de la scène.D'ailleurs,lorsque nous interrogeons les Français sur la hiérarchie des gestes qu'ils font en faveur de l'environnement,trier leurs déchets arrive largement en tête,suivi à égalité par le fait de ne pas gaspiller l'eau ou l'électricité et de ne plus utiliser de sacs en plastique. En revanche, il semble plus surprenant qu'à l'issue du Grenelle de l'environnement les déchets d'emballages aient encore été dénoncés avec un message peu novateur... Sur une annonce diffusée sur le site du Grenelle de l'environnement, nous pouvions voir le visage d'un enfant aux yeux sombres et graves et lire ce texte qui barrait son visage :"Trier les emballages, c'est plus facile quand il y a moins d'emballages à trier." Il aura fallu plus de trois mois de réflexions à des experts pour aboutir à cela... Les déchets d'emballages, qui ont le tort d'être trop visibles dans le quotidien des consommateurs, ne seraient-ils pas des boucs émissaires bien commodes pour ne pas aborder les vrais problèmes ?


S'engager sur le bon chemin
La France, qui collecte et trie ses déchets d'emballages depuis bientôt quinze ans, fait plutôt figure de bon élève en matière de recyclage, puisqu'en 2006 2,9 millions de tonnes de déchets d'emballages ont été recyclés.

De quoi parlons-nous exactement ?

S'engager sur le bon chemin...
Selon les derniers chiffres de l'étude Estem pour Éco-Emballages, l'Ademe et Adelphe, les déchets d'emballages représentaient en 2006 un gisement de 4,4 millions de tonnes, soit un très faible pourcentage des 849 millions de tonnes de l'ensemble des déchets produits par l'activité française ; un peu moins de 10 % des 46 millions de tonnes des déchets municipaux. Le tonnage des déchets d'emballages, qui est en baisse depuis plusieurs années, est aujourd'hui légèrement inférieur aux 4,6 millions de tonnes constatés en 1994 par les mêmes organismes. Par ailleurs, la France, qui collecte et trie ses déchets d'emballages depuis bientôt quinze ans, fait plutôt figure de bon élève en matière de recyclage, puisqu'en 2006 2,9 millions de tonnes de déchets d'emballages ont été recyclés.De là à dire que tout va bien,dans le meilleur des mondes, bien évidemment non. Il faut continuer à faire diminuer le tonnage des déchets d'emballages en prônant la réduction à la source des matériaux mis sur le marché, en luttant de manière plus répressive, peut-être, contre le suremballage et tous ses excès.Il faut aussi amplifier les efforts pour aider les consommateurs à jeter leurs déchets d'emballages au bon endroit, afin d'augmenter encore les taux de recyclage. Cependant, focaliser l'attention uniquement sur les déchets d'emballages contribue à occulter les principaux impacts environnementaux du cycle de vie des emballages.

La lutte contre les déchets, indispensable mais pas suffisante !

Même si l'emballage est moins lourd et moins volumineux, minimisé au maximum,avant de devenir en fin de vie un déchet recyclable,il a en amont un impact écologique sur lequel il convient de se pencher. En effet, lorsque nous observons le cycle de vie d'un emballage, nous pouvons découper celui-ci en neuf grandes phases :l'extraction et la production des matières premières, la transformation des matières premières, la conception des emballages, leur remplissage, la vente des produits emballés, la consommation des produits, la collecte des déchets d'emballages, le tri et le traitement de ces déchets, leur recyclage ou la récupération d'énergie par incinération.Après avoir dressé une analyse complète du cycle de vie et un diagnostic précis sur l'empreinte écologique de la production d'un emballage,nous pouvons proposer des solutions innovantes en matière d'écodesign et d'écoconception pour améliorer son écobilan. Et ainsi, nous engager dans la conception de conditionnements avec le moins de matériau possible, adopter des procédés de production moins énergivores et moins polluants durant toutes les phases du cycle de vie des produits,y compris lors de leur recyclage...


S'engager sur le bon chemin...

Vive les achats de proximité !

Cependant, il reste un point crucial pour améliorer le bilan carbone d'un produit emballé qui semble encore trop peu abordé. Chacune des neuf phases du cycle de vie de l'emballage est reliée à l'autre par un moyen de transport, dans la plupart des cas le camion. Au XIXe siècle et au début du XXe, l'industrie s'est organisée sur un principe de porte à porte. Les fabricants d'emballages se sont installés à côté des remplisseurs, construisant ainsi un tissu industriel cohérent,fondé sur la proximité. Soulignons qu'à cette époque ils n'avaient pas vraiment le choix, les routes et les moyens de transport étaient encore très peu développés.L'aménagement du territoire avec un réseau routier de plus en plus performant, l'organisation d'un transport routier efficace et peu onéreux ont, malgré le premier choc pétrolier, rendu aux yeux des industriels ce type d'organisation de proximité moins indispensable. Les fusions-acquisitions et les délocalisations en auront eu raison. À cela, il faut ajouter la compétitivité impitoyable sur les prix qui règne sur tous les marchés. Au nom de la rentabilité, les services achats des entreprises privilégient le moinsoffrant, sans trop se préoccuper de sa localisation, le transport étant inclus dans le prix d'achat et tout retard de livraison étant sévèrement pénalisé.

Ainsi, des milliers de camions envahissent tous les jours nos routes avec des emballages vides, destinés à être remplis à des centaines voire des milliers de kilomètres de leur site de production. Il y a là un véritable gisement d'économies à faire pour sauvegarder notre planète. En privilégiant des achats de proximité,nous diminuons le transport,ainsi nous pouvons limiter immédiatement les émissions de gaz à effet de serre. Dans ce cas, s'engager sur le bon chemin signifiera faire parcourir beaucoup moins de chemin aux emballages vides.

Visuels extraits du livre Ecodesign, chemins vertueux, Pyramyd Editions


Notes

(*) Président de P'Référence Dynamiseur de marques www.p-reference.fr

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